Courir le monde. Depuis de longues années, toujours plus loin, toujours l’ailleurs… Qu’en est-il ? Une quête ? Un projet documentaire à l’autre bout du monde ? Le désir indécent de se faire plaisir ? L’appel de l’inconnu ? Une fuite ? Peu importe, un dénominateur commun se sera affirmé au fil de ces périples : l’envie, le besoin d’aller vers l’autre, de saisir ce qui l’anime, le broie, l’exalte ou l’angoisse, saisir son quotidien ou son exceptionnel… Il faut dès lors mettre un terme au bout du chemin à ces travellings interminables faits de rêveries hypnotiques pour poser la caméra qui devient alors un œil. Fixer l’instant. Le retour à l’argentique s’est opéré récemment car je voulais mettre un terme à la frénésie d’images immédiates et sans épaisseur, au dématérialisé trop volatil et au virtuel sans lendemain, retrouver la valeur d’une prise de vue contrainte par sa lourdeur mais puissante par sa chimie. Puis revenir à la source, aux racines.

Après une longue absence, j’ai retrouvé les rues de mon enfance,  les lumières inédites, et je voulais reprendre un travail dans l’intimité du studio. Il s’agit de renouer en contrepoint de ces voyages incessants avec leurs exacts opposé : ce moment curieux où l’on devient l’espace d’un instant, maître illusoire de l’espace et des lumières, des objets et des gens…